En Sicile, la hâte n'existe pas, ce n'est pas un hasard si les voyageurs attentifs parlent d'une île du Moyen-Orient où les ruelles ombragées et fraîches en été rappellent les odeurs des mille et une nuits. Les odeurs de nourriture ont marqué le temps de cette île. Ici, l'Orient et l'Occident ont uni l'esprit et la matière dans ce carrefour de la Méditerranée. Dans cet endroit parfait, tout le matériel apporté par les réfugiés et les esclaves, les chefs et les marchands, les philosophes et les poètes a convergé. Grâce à eux, la cuisine est devenue un art, une parfaite symphonie harmonieuse et un équilibre idéal. Alors ne vous scandalisez pas si en vous promenant vous rencontrez des gens qui mangent en marchant,
Faire du shopping au marché, parler affaires ou amour. C'est ainsi que les Siciliens mangent à toute heure et avec leurs mains. Avec une lenteur qui prend une transcendance envoûtante, signe de cette sagesse particulière qui, à chaque instant, fait apprécier le temps qui passe.
La cuisine de rue est celle aux quatre quarts de la noblesse puisqu'elle remonte au "thermopolion" des cités grecques de Sicile. En effet, un coin de l'agora était couvert d'un auvent et destiné à la vente de nourriture ; viandes, poissons, légumes frits, bouillis, tout à emporter ou à consommer sur place. La restauration rapide et la vente à emporter sont nées il y a 2300 ans. Plus tard, ce cousin a déménagé sur les places, les marchés et les buffets.
Les aliments les plus connus sont ceux-ci. Les "Stigghiole" viennent du monde grec. de extiliola de "extilia", c'est-à-dire les entrailles. Des boyaux de mouton, de chèvre et de vache bien nettoyés sont embrochés à la broche et cuits sur la braise. De cet ancien monde grec vient également le "Quarume" ("caldume" hot stuff) obtenu à partir de
entrailles de boeuf bouillies dans un bouillon. L'édition estivale est le "peri e mosso": pieds de veau, joue, tête, tripes et autres pièces bouillies servies avec un filet de citron et un peu de sel.
Du monde sarrasin vient "l'Arancina", un plat classique de riz parfumé au safran de la tradition nord-africaine transformé en une boule de la taille d'une orange, frite croustillante à emporter.
Du monde juif vient le sandwich avec la "Meusa" (rate). Un sandwich moelleux créé par les Juifs de Palerme il y a plus de 1000 ans ; une focaccia avec de la viande pour ceux qui ont souvent été obligés de substituer son image.
D'origine monastique et la "Sfincione" une pâte épaisse, molle et spongieuse (sfence en arabe est l'éponge) cuite à la poêle comme une pizza. Ensuite, nous avons le classique "Pane e Panelle" polenta de pois chiches broyés, frits dans de l'huile bouillante et emprisonnés dans un petit pain chaud recouvert de graines de sésame.
Pendant les vacances, les rues s'enrichissent d'étals colorés vendant des « Spassatempu », ces petits bruscoli qui portent encore ici des noms anciens « Calia » (de l'arabe « ualiya ») signifie pois chiches grillés, graines de courge mais aussi haricots, caroubes accompagnés de noisettes, amandes et pistaches et autres
des petits délices présentés sous mille feux et mille couleurs.
"La Cubaita" le nougat, la glace campagnarde colorée, à côté de "nucatoli", "gucciddati" "petrafennula" et "pupaccena" difficile à expliquer en quelques lignes. Il suffit de penser que toutes les délices du monde oriental sont venues reposer ici, apportant avec elles mythes, légendes, religiosité et poésie. La street food égaye encore les marchés historiques et les grandes fêtes religieuses avec la joie des couleurs aux arômes intenses et la douceur des décors baroques des étals. Toutes les façons d'appréhender les petits plaisirs de la vie.